J’ai rêvé de robots et d’apocalypse cette nuit – un monde d’après, où ne subsisteraient que quelques IA dans un univers privé des humains qui les avaient conçues. Et me revenait avec insistance une histoire que j’avais beaucoup aimée.
J’en ai cherché la source. d’abord en regardant vite fait des épisodes de Love, Death & Robots (une série excellente sur le sujet), mais non.
Puis j’ai songé à cet auteur fabuleux, Rich Larson, dont les éditions le Bélial’ ont publié quelques traductions, et j’ai fouillé dans ce recueil de nouvelles réellement extraordinaires (le terme n’est pas galvaudé pour une fois), La fabrique des lendemains, sorti en France en 2020. Et je l’ai trouvé. Il s’agit d’un texte intitulé Circuits, au début du recueil. L’histoire d’une IA nommé Mu, qui officie (pour l’éternité) en tant qu’hôtesse d’un train touristique, vouée à l’animation, l’information et le confort des passagers. Passagers qui sont bel et bien morts depuis longtemps. Mais le train continue d’accomplir son itinéraire en boucle, et Mu de faire son travail, devenu absurde (vu que personne ne lui répond plus).
D’une étrange beauté mélancolique comme la plupart des textes de Rich Larson.
Ce recueil constitue une des plus belles méditations sur l’amour que j’ai lue depuis des lustres. Des relations amoureuses revisitées dans des mondes où les corps se transforment, des mondes totalement queer, aux distinctions incertaines, où les humains se fondent avec les machines et des animaux étranges, dans des espaces cyberpunk hyper-sensitifs, sexualisés, irradiés, toxiques, frictions de peaux aux textures diverses, où les adn se mélangent. Et peut-être cette question lancinante, dont Larson nous dit qu’elle ne cessera de hanter l’humanité, et même la post-humanité, pour les temps qui restent : qu’est-ce que l’amour ? Comment l’amour est-il possible ?
Les textes de Larson sont traduits et publiés en français aux éditions du Belial.