Quelques mots de l'auteur

La gestation de ce texte aura occupé trois années de ma vie (au début des années 2020). Je ne compte plus les brouillons, la centaine de pages que j’ai soustraite à la version finale, les variantes choisies et abandonnées, les interruptions butales, les phases de découragement, puis de reprises enthousiastes. Il s’agit là d’une fiction, quoique l’auteur, à plusieurs reprises, vienne interrompre le cours du récit, de manière assez scabreuse comme on le verra. Ce n’est donc pas véritablement un roman : bien plutôt un pseudo-roman, qui, à force de se perdre dans les digressions, menace d’échapper à son auteur. Un patchwork littéraire qui rend hommage à Wolfgang Hildesheimer, Werner Kofler et G.W. Sebald. Une ambiance hivernale & délicatement anarchiste (vivre « sans être gouverné », comme disait James C. Scott), & montagnarde, quelque part entre une Mittel-Europa fantasmée et une Scandinavie pas moins imaginaire. Un mélange d’érudition et de pseudo-érudition, bondé de références plus ou moins absconses, de passages parodiques et de pastiches. On y lira même un morceau de théâtre, une sorte de journal intime, et quelques mises en abyme littéraires. Par un miracle qui me demeure incompréhensible encore aujourd’hui, le récit principal accoste à ce qu’on pourrait qualifier de fin.

Moldanau

Infos

Éditeur ‏ : ‎Outsiderland (2023)
Langue ‏ : ‎ Français
Relié ‏ : ‎ 192 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 9-781446-611784
Licence : CC BY-NC-SA 4.0 Deed / Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - 
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extrait alpestres 1

Extrait

Et le train, de plus en plus lentement, s’enfonçait bravement dans l’arrière-pays collineux, berçant son unique passager d’un concerto d’avant-garde pour orchestre branlant où l’ensemble des cordes tentait d’imposer un continuo d’allure suspecte à une tribu sauvage et dépareillée de cuivres stridents lesquels, secondés par d’agaçantes percussions aux interventions savamment inopportunes, semblaient n’avoir d’autre objectif que d’interrompre, briser, et pour tout dire, tailler en pièces la partition et l’appareil auditif des spectateurs. Malgré ces brutales secousses qui se propageaient du crâne aux épaules, nouant jusqu’aux estomacs, ces stridulations soudaines, ces sinistres sifflements et raclements lugubres qu’on aurait dit surgis des forges de l’enfer, l’engin progressait tout de même, miraculeusement, empruntant des voies à l’entretien douteux le long desquelles s’amassaient des tas de boulons rouillés laissés là sans doute des années auparavant en vue d’une improbable réparation future, puis il dépassait sans prendre le temps de leur accorder le moindre hommage, pas même un coup de sifflet ironique, d’inattendues petites gares posées çà et là comme au hasard, témoignages d’un temps où le chemin de fer valait mieux que la route, dédaignant villages et hameaux, ne freinant qu’à l’orée des bourgs les plus imposants, s’y arrêtant parfois durant quelques minutes, comme à regret, parce qu’on allait alors devoir repartir, et c’était toute une affaire, d’ébranler cette carlingue. Le professeur s’attendait à ce que cette fois-ci l’engin reste à quai. « Nous n’irons pas plus loin », se disait-il, l’espérant à vrai dire autant qu’il le craignait, et déjà se penchait sur l’horizon l’ombre massive et menaçante des montagnes : devrons-nous réellement vraiment aller jusque-là ? Le pourra-t-on seulement ?

extrait alpestres 2

Extrait

Le contrôleur d’identité prit la photo délicatement entre ses doigts, la tourna et la retourna avec précaution, examinant l’envers aussi bien que l’endroit, la scrutant avec l’œil exercé du spécialiste qu’il était après tout, comme si, nourri par une expérience considérable, il eût été possible de discerner, sous les traits mal dégrossis de cet adolescent manifestement embarrassé par le photographe, les signes avant-coureurs d’une destinée remarquable. Comme si, à force d’attention, faisant fi de l’inexorable passage des années, allait se manifester comme par magie ce qui n’était pas encore visible sur la photographie : un homme désormais, ayant dépassé depuis peu la trentaine, plus épais sans doute d’une vie vécue, laquelle, quelle sorte de vie, le visage marqué d’expériences accumulées, de rencontres, de souffrances et de joies. Mais : « Qu’allait-il faire au juste, ce jeune homme, à Moldanau ? »

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