Le psychanalyste surpris en pleine séance à exposer à son patient du matin la trinité néoplatonicienne : être/vie/pensée (ou : manence, procession, conversion), à l’occasion d’une rêverie partagée autour de la tension entre « être deux » et « être trois ». (genre de move, faut l’admettre, très « bionien »).
Me rappelle ce professeur que j’avais eu en faculté, à la fin des années 80, qui avait consacré sa vie entière à travailler sur ce qu’on appelait à l’époque une « thèse d’État » (qui pouvait durer jusqu’à 15 ans, période qu’il avait largement dépassée – de facto, il n’en est jamais venu à bout à ma connaissance, et entre temps la réforme des thèses avait eu lieu, en 1984), thèse qui portait sur les structures trinitaires de la pensée, depuis les présocratiques jusqu’à heu.. nos jours ?
Il touchait assurément quelque chose d’extrêmement profond.
J’ai toujours rêvé d’écrire un texte métaphysique qui défendrait le bien fondé, à partir de Proclus, de cette dynamique trinitaire, contre les oppositions binaires auxquelles nous autres, contemporains, nous agrippons, par paresse et manque d’imagination. Décrire cette lutte (politique, tout autant que psychologique et métaphysique) entre le binaire et le ternaire. (mais autrement que chez Hegel, avec plus d’émerveillement, d’enchantement polythéiste notamment)
Merci de m’avoir lu.
Vous pouvez retourner à vos occupations.
(Si vous lisez l’anglais, la plus belle introduction au difficile, et délicat, Proclus, est celle de Radek Chlup :
Radek Chlup, Proclus. An introduction. Un vol. de xvi-328 p. Cambridge, New York, Melbourne, Madrid, Cape Town, Singapore, Sâo Paulo, Delhi, Mexico City, Cambridge University Press, 2012.)
Puis :
À la laverie automatique…
Non rien en fait.
J’ai écrit deux trois trucs sur les expressions « Il est trop tard » et « il n’est pas trop tard ». Et j’ai continué la lecture du bouquin de Sarah Iles Johnston, Restless Dead. Encounters between the Living and the Dead in Ancient Greece, University of California Press, dont il faudra que je vous cause un de ces jours.
(sa thèse, c’est qu’entre la période archaïque et la période classique, la tragédie, les morts deviennent plus mystérieux, moins familiers, moins inoffensifs – sans doute, soutient-elle, à cause de l’influence croissante des cultures égyptiennes et anatoliennes. D’où les recours croissants aux spécialistes de la nécromancie, aux mages et aux magiciens, et le succès de l’orphisme, venu de Sicile et de l’Italie du sud, et des Mystères initiatiques etc.. C’est assez embarrassant pour les tenants de la thèse comme quoi la raison émerge de la Grèce Classique. Mais bon, ça fait longtemps qu’on est revenu de cette idée(ologie). Sauf quelques historiens des civilisations complètement réac)
https://www.ucpress.edu/books/restless-dead/paper
(je rêve d’écrire un jour un petit livre synthétique sur la diversité des relations des vivants et des morts. J’avais été bouleversé par le livre de Beth Conklin, Consuming grief : compassionate cannibalism in an Amazonian society,. Austin : University of Texas Press. 2001.
(manger littéralement ses morts, comme un travail de deuil !)