Témoignage très émouvant que cette coupure de presse publiée sur Twitter : un article du Liverpool Echo Today, relatant l’engagement comme mousse sur un navire, le SS Pyrrhus, le vendredi 13 mai 1927. Le journaliste recueille les paroles de ce jeune homme de 17 ans, un certain Malcolm Lowry :
“Pas de jeunesse sur coussin de soie pour moi. Je veux découvrir le monde, Je veux me frotter à ses bizarreries, vivre des expériences avant de retourner à l’Université de Cambridge.”
Et l’article ajoute : ” ‘Lowry had taken a ukulele with him and hopes to compose new Charlestons during the voyage.” !
Il en vivra des expériences en effet durant les 4 mois de ce voyage qui l’emportera jusqu’en extrême orient et fourniront une partie du matériau de son premier roman, Ultramarine. Il donnera au héros du texte, ce jeune mousse écrivain, le nom de Dana Hilliot (je dis ça en passant n’est-ce pas – disons que j’ai lu ce livre quand j’avais moi-même 17 ans, et qu’il m’en est resté beaucoup – à commencer par ce principe qu’il fallait d’abord vivre avant de se lancer dans l’écriture – le souci étant qu’il faut s’efforcer de ne pas mourir à force de vivre avant d’écrire, si je puis dire).
On retrouvera cet épisode initiatique dans les pages de Sous le Volcan. Hugues
Je cite ici un extrait de la thèse de Pierre Schaeffer, Variations sur l’effet dialogique dans “Under the volcano” de Malcolm Lowry (Univ. de Lyon 2, 2005)
“Contrairement au press-book d’Yvonne, a priori entièrement fictif, les manchettes de journaux annonçant le départ de Hugh pour la mer de Chine sont un subtil alliage de véritables titres ou extraits de journaux et de manchettes créées de toutes pièces par Lowry, qui fut lui aussi moussaillon lors d’un voyage de quatre mois pendant l’été 1927, à bord d’un bateau qui l’emmena jusqu’en Extrême-Orient. Gordon Bowker, l’un des biographes de Lowry, cite l’article du Liverpool Echo du 14 mai 1927 dont Lowry s’est inspiré pour écrire ce passage : le titre accrocheur « Rich boy as deckhand » est suivi d’un sous-titre résumant les propos tenus par le jeune Malcolm lui-même : « Prefers 50 S. a month to the ‘silk-cushion life’ ». On peut lire en effet dans le corps de l’article les lignes suivantes :
‘Malcolm Lowry, a curlyheaded lad of 17, is forsaking the comforts of home at Inglewood, Caldy, overlooking the River Dee, for a rigorous life at sea.’ ‘’No silk-cushion youth for me,” he said. ‘I want to see the world, and rub shoulders with its oddities, and get some experience of life before I go back to Cambridge University.’… ’ ‘Lowry had taken a ukulele with him and hopes to compose new Charlestons during the voyage. […] (Bowker/Furies, 67)’ “
On retrouve, créée ou reprise, sous forme de quasi-pastiche, les articles publiés dans la presse à l’occasion de son propre départ, celui de l’auteur, quand il avait 17 ans : l’expérience aura bien nourri la littérature, et, fut-ce de manière tragique, le jeune Malcolm (et son alter-ego Dana Hilliot) aura respecté son plan.
On lira également l’article, concernant ce départ de Malcolm depuis le port de Liverpool, de Chris Ackerley, “Paradise Street Blues: Malcolm Lowry’s Liverpool“, in Deryn Rees-Jones and Michael Murphy, Writing Liverpool – Essays and Interviews, Liverpool Scholarship Online.