En attendant l’apocalypse, je me tiens tranquille. Il n’y a pas vraiment de quoi s’en faire à mon âge. Il serait improductif de s’en faire pour si peu. Si l’humanité disparaît disons d’un coup d’un seul, alors à quoi bon se démener aujourd’hui – gagner deux trois décennies, deux trois degrés. Bon. Et puis de toutes façons, je serais déjà sinon six pieds sous terre, du moins gravement grabataire (si mes calculs sont bons, on devrait toucher le fond d’ici une trentaine d’années, je doute d’avoir la patience de tenir aussi longtemps, mais bon, la médecine fait des miracles – non. Elle en fait de moins en moins, surtout quand on est pauvre – et, tête de lard que je suis, j’annonce d’ores et déjà que je refuserai de devenir un cyborg pour sauver ma peau, genre : qu’on m’introduise des robots dans la tête, qu’on modifie mon code génétique, qu’on insère sous ma peau de petites capsules euphorisantes, des trucs dans ce goût.