En explorant le ruisseau

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Le soir venu, nous sortons Iris et moi, à la fraîche comme on dit : le jour dure longtemps au mois de juin (n’est-ce pas). J’ai étudié la carte ces derniers jours, afin de mener à bien la tâche que je me suis fixé en ce début d’été : parcourir les rives du Miodet depuis la source jusqu’à l’endroit où le ruisseau s’en va nourrir la Dore en rive gauche. Une trentaine de kilomètres pas plus, mais des berges parfois peu accessibles, saturées d’herbes piquantes ou des rochers qui donnent au cours du ruisseau l’allure de gorges escarpées. L’eau n’étant pas encore très profonde à cette période de l’année, on peut toutefois aller pied nu, le pantalon remonté au niveau du genou.

On s’enfonce dans les sous-bois de feuillus, quelques chemins, puis des sentiers, puis rien du tout, des orties et des ronces. Iris se méfie des ronces, et je ne les aime guère non plus. Nous marchons précautionneusement l’un derrière l’autre et je mène notre petite cordée en frappant les herbes avec mon bâton.

Autour du Miodet

Une immense bâtisse en ruines dévorée de broussailles, ses fondations plongeant presque dans l’eau – un ancien moulin sans doute, on cultivait du chanvre à cet endroit. Je préfère ces ruines aux bâtisses restaurées qui abondent dans le coin. Pour la simple raison qu’ici, au milieu des ruines, je peux entrer, et rêver pourquoi pas de m’établir un jour, alors que dans les propriétés privées, je ne serais jamais chez moi. Une belle maison bourgeoise, avec des fleurs aux fenêtres et des cameras au-dessus du portail d’entrée me donne envie de vomir, alors qu’un ruine ou une cabane abandonnée me plonge dans une quiétude légèrement amoureuse.

Je songe à celles et ceux qui furent ici.

Nous errons lentement – une cheville douloureuse m’empêche d’aller plus vivement – autour du ruisseau, empruntant au hasard tel et tel chemin, et bientôt, débouchons sur une route goudronnée assez large. Une borne kilométrique après le premier virage s’avère d’un grand secours : D338. Un coup d’œil rapide sur la carte : nous devons être ici, à un kilomètre à peine de l’automobile garée à l’entrée d’un chemin. La route est déserte et la nuit tombe.