Éliette

Couverture Eliette pour souscription4ème de couverture :

« C’est le diable qui l’a pris. Il nous prendra tous. Et nous ne savons pas de qui elle parle, de quel disparu, récent ou ancien, de quel être proche qu’elle aurait perdu, de quelle personne dont elle aurait appris le décès. C’est plutôt comme si elle portait un deuil infini mais pas en souvenir d’un proche, non, le deuil du temps qui passe, le deuil de toute espérance. Et sa voix résonne longtemps en nous lorsque par malchance nous l’entendons. »
Il existe des régions inhospitalières dans nos contrées, dans les replis moins visibles de certaines âmes, et dans les reliefs inaccessibles de certaines histoires de vies. Ces régions sont cartographiées, dûment identifiées, répertoriées, il est impossible de les nier. Il suffirait peut-être- à défaut de nier leur existence- de fermer les yeux pour les celer et construire l’illusion qui embellit le paysage. Petits, les enfants savent très bien faire cela. Leur excellence diminue au fil des années… Ainsi va la vie.
Eliette, sais-tu qu’il est des comptes qu’on ne règle jamais ? Sais-tu que le répit ne dure que le temps d’un soupir de soulagement ? Sais-tu que les secrets les plus profonds sont écrits en lettres majuscules ?

Elizabeth Bougeois


Lisez les 3 premières pages du livre en cliquant ici.


Une évocation sonore originale, œuvre de Jeehak est à retrouver ici.


Critiques

La critique du roman sur le site Litzic, à retrouver ici.

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J’ai beaucoup apprécié Eliette, un roman dense mais sans lourdeurs ni longueurs, une écriture tourmentée, certes, mais sans complaisance dans la douleur. Il y a de très belles et justes pages sur le deuil. Quant à l’évocation des intérieurs domestiques (du grain de poussière aux appareils domestiques), elle m’a beaucoup touché… le tout sur fond d’intrigue policière arrivant in extremis et donc sans diluer le(s) propos du roman. Pour un premier roman, c’est réussi.

M. (Belgique)

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J’ai bien apprécié le travail sur la forme, le choix et la sûreté des mots, sa musicalité particulière au travers de ces phrases longues, la narration intérieure, la justesse des impressions et des interrogations (…) Pourtant il m’a manqué un peu plus de durée dans ce roman. J’ai parfois eu un sentiment d’ébauche et d’inachevé. (…) Pour moi c’est un livre prometteur mais pas abouti. J’attends vivement le prochain.

Michel B. (France)

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Dès le début (…), des réminiscences de lectures anciennes me sont venues à l’esprit, sous la forme de noms et de titres, sans doute à cause des longues phrases à incises, parenthèses et digressions, je cite sans ordre, Robert Pinget, le Libera, Claude Simon l’Acacia, José Saramago aussi, le Radeau de Pierre, et pour certains passages concernant la campagne, George Sand que j’ai beaucoup lue. Ou encore Julien Gracq. Cependant, au fil des premiers chapitres, je me suis détachée de ces souvenirs et le narrateur a pris sa personnalité, car même si on ignore son âge, son nom, son prénom, ses précédentes activités à l’étranger (qui lui permettent de vivre sans travailler) et son aspect physique, il dit beaucoup de choses sur lui-même par l’exposé de ses idées, de ses goûts, de sa façon de vivre, de ses convictions sur de nombreux sujets, de son refus de la modernité destructrice et polluante, de son approche de la mort, tout cela mêlé à ses souvenirs d’enfance.
(…) Bien que ralenti par les retours en arrière (qui parfois déroutent, par exemple au début les deux enterrements mêlés p 16 et 17), retours qui permettent de comprendre ce qui a poussé cet homme à revenir, à racheter et à s’installer seul dans cette maison, cette campagne humide et quasi désertée, le roman se transforme insidieusement pour aboutir sur le tard à un surprenant roman policier où on doit bien admettre qu’une série d’indices ont été semés au fil des pages. Et la solitude du narrateur se révèle très relative. Il y a tout de même beaucoup de monde qui défile dans sa vie, d’autant qu’il invite certains et que d’autres viennent sans être invités. Entre les personnages du passé et ceux du présent, se dessine un aréopage de suspects qui savent tous ce qui se passe mais qui se taisent ou parlent à mots couverts.
Beaucoup de violence apparaît donc dans cette campagne bretonne (il faut quand même attendre la p 62 pour avoir la confirmation que cela se passe bien en Bretagne, même s’il y a des indices, crachin, pommiers, côte à 30 km, etc.), campagne que l’on pourrait qualifier de tranquille (…), campagne où, diraient les gens de la ville, il ne se passe jamais rien, un trou, un trou perdu. Lequel trou peut néanmoins héberger une fille perdue, battue, exploitée puis sauvée par un étranger et son chien par un peu de hasard et la seule force des sentiments. Lequel trou peut receler les mêmes turpitudes que n’importe quel quartier mal famé d’une banlieue ou que dans un milieu dévoyé où règne l’appât du gain.
Bien sûr, tout cela tient par l’écriture, ces longues phrases digressives qui obligent à l’emploi des parenthèses et des incises, mais aussi de participes présents pour relancer, et des répétitions de mots et groupes de mots tels que : comme si, quand bien même, donc, à tout le moins, en conséquence de quoi, du reste, au reste, disais-je, si tant est… C’est un choix qui donne une réelle unité au texte (…)
J’ai noté l’originalité dans le choix des dialogues sans tirets cadratins, sans jamais préciser le nom des interlocuteurs, sans même les points d’interrogations quand cela ressemble à une question. Mais au bout du compte, ils sont faciles à suivre dans cet allègement.
J’ai noté aussi dans ces pages une sorte d’humour distant, exemples : Emile, ses discours et son accent, les frères le Bris qui possèdent presque toute la terre cultivable ou encore l’échange tendu avec le maire (…)
Concernant la fin : je suis souvent réticente face aux fins ouvertes (romans, film) et parfois même réprobatrice. J’ai l’impression que l’auteur se défile, opte pour la solution de facilité ou n’arrive plus à se dépêtrer de son intrigue. Ici, ce n’est pas le cas, et d’ailleurs, cette fin est plutôt semi ouverte.
En conclusion, cette lecture surprend, fait réfléchir. Je ne saurai jamais, dans le cas où j’aurais trouvé ce roman au milieu d’une centaine d’autres dans une librairie, si je l’aurais acheté en ignorant tout de l’auteur. Peut-être que oui, en lisant l’incipit, parfait, qui m’avait accrochée sur internet avant que je ne commande le livre. Je n’ai pas été déçue par le récit complet.

Sylvie Aubriot (France)

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Eliette est le premier roman que j’ai découvert dans la collection de L’Orpailleur. Ce petit texte extrêmement dense, je l’ai adoré. J’ai découvert par la suite que l’auteur en était aussi son éditeur et j’ai été d’autant plus ravie de pouvoir échanger avec Christophe Havot et en savoir un peu plus sur son univers et sa ligne éditoriale. Eliette est un roman rural qui se déroule dans un village isolé de Bretagne où l’accueil n’est pas vraiment une valeur importante pour ses habitants accaparés par un dur quotidien très souvent au sein d’un domaine agricole familial. Tous savent qu’il se passe des choses parfois violentes, souvent tues et donc acceptées. Des phrases longues mais parfaitement maitrisées permettent de rendre cette ambiance lourde, palpable. L’auteur témoigne avec beaucoup de douceur et d’émotion de l’atmosphère dans ces foyers peu habitués à l’arrivée d’un étranger posant un autre regard sur leur village. C’est un premier roman fort que nous vous recommandons vivement.

Aurélia Gouhier Librairie Effets de pages (L’Isle Jourdain – Gers – France)

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Je dois vous avouer que ces très longues phrases m’ont tout d’abord un peu perturbée. Franchement, je m’y suis habituée dès le 2e chapitre. J’ai pensé que pour des descriptions autant détaillées de cet endroit sauvage et vierge, vous aviez du sans doute fouler ces chemins boueux, vous souvenir d’odeurs, de sensations. Vous avez du l’aimer fort et probablement l’aimer encore au point qu’il en devienne presque un personnage à part entière. L’endroit et ses habitants rugueux m’ont semblé faire un tout, tellement ils se ressemblent… au point que je me suis demandé qui des lieux ou des occupants déteignait sur l’autre. C’est en harmonie totale.
Pas de doute, Eliette est une belle personne. J’ai  immédiatement éprouvé de la sympathie pour cette femme attachante et incomplète (elle ne sera entière qu’à la fin de l’histoire). Je l’imagine d’une beauté naturelle et aussi sauvage que son environnement, une beauté qui se mérite, brute et sans fards, à découvrir. Il faut pour cela faire abstraction de son défaut d’élocution, mais cela n’est-il pas un charme supplémentaire qui lui rajoute une forme de fragilité et s’additionne à la lourdeur d’un passé que l’on suppose très vite avec l’attitude étouffante du père ?…
C’est le retour aux sources d’un voyageur fatigué, c’est le choix final de son point de chute. Avec la mort du vieux, il s’autorise à une plongée dans son enfance, au temps de l’insouciance… mais maintenant, c’est lui l’adulte. C’est comme s’il prenait la suite de quelque chose d’inachevé et d’un peu mystérieux. Il réveille les murs de la maison, la bouscule de ses changements, lui donne une deuxième vie, parce que chaque maison a une âme et des secrets.
Et puis c’est une histoire d’amour, étrange et improbable, une autre façon d’aimer, hors normes peut-être, au mépris des avis réprobateurs des autres. Mais les autres, on s’en fiche, n’est-ce pas ?
Il faut d’abord apprivoiser comme on le ferait avec un petit animal en errance, alors seulement à force de patience, dans le partage de silences, la confiance arrive. Dès lors, elle sera sans limite.
La complicité entre ces deux-là pourrait donner des regrets à beaucoup de ne pas l’avoir connue. Seuls ceux qui l’ont vécue peuvent comprendre son importance.
Il y a le fusil. Objet à priori inutile, remisé dans le grenier, il sera pourtant l’objet de la délivrance. Le lecteur a le choix d’en supposer l’utilisateur.
La moralité ?…C’est qu’il n’y en a pas justement. Acte de justice ? de réparation ? de rancune ?
Il faudra vivre avec l’ombre de cette mort. Seront-ils assez forts ?
Votre livre me réclame une relecture. Il m’a plu. Je l’ai lu d’une seule traite. Merci pour ce partage. Vous n’écrivez pas que pour vous.

Christiane P. (France)