Vous trouverez ci-dessous quelques commentaires de lecteurs ou des critiques plus élaborées. Bonne lecture.
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Avis de lectrice pour Les Ex ne meurent jamais :
On retrouve ici le vieux sujet, comment séduire une fille, une femme, qu’on soit adolescent ou adulte, et comment l’obtenir ? Il y a là un passage en revue de toutes les formes de rencontres amoureuses, de l’enfance en Afrique jusqu’aux sites internet et autres réseaux en passant par la Suisse. C’est un grand écart côté société, argent, méthodes pour finir par constater que le problème revient surtout à : il faut qu’elles veuillent ! Cette quête passe cependant au second plan pour dévoiler ce qui s’avère être pour l’auteur un nœud gordien, concilier ses désirs et la façon dont il est vu, perçu. C’est dit ouvertement p 49 il y a toujours la douleur d’être noir…, au bas de la page 74 : Ma négritude me fait tant souffrir. Ce désespoir sous-jacent perceptible dans bien d’autres lignes, malgré les scènes comiques, donne alors plus envie de pleurer que de rire.
Le côté exotique du livre est aussi pour moi fortement à prendre en compte. Je ne connaissais à peu près rien du Cameroun avant de le lire, tout au moins rien de plus qu’un peu de géographie, de souvenirs d’informations ou d’articles de journaux. Donc, étant très ignorante, j’ai beaucoup appris (même du vocabulaire, bangala, yoyette…) Ateba Eyené, par exemple dont j’ignorais l’existence… Et que Paul Biya, vérification faite pour ce dictateur, en était à son septième mandat. (j’aurais dit quatre ? cinq ?). En fait, dans tout ce qui est révélé sur ce pays au fil des lignes, je ne connaissais que Mongo Beti, de nom, et que je n’ai pas lu.
C’est un roman déroutant, décousu, bizarrement structuré, surprenant, mais aussi attachant, émouvant quand il avoue à sa façon humoristique son découragement. Mais alors qu’il est sans cesse question d’Afri(o)cains, d’Afrique, de N(n)oir… , le prodige de l’écriture (par rapport au cinéma) est qu’on oublie les couleurs de peau en lisant certains passages, pour la bonne raison que les personnages sont tout bonnement des Homo Sapiens (pas si sapiens, c’est vrai, mais bon) la seule race humaine qui peuple actuellement la planète depuis la disparition de Neandertal, avec des nuances du clair au foncé (ou l’inverse) et quelques autres détails d’apparence, comme la couleur des cheveux dans nos sociétés dites blanches et comme le sont les vaches plus ou moins tachetées d’une même espèce dans un troupeau aperçu lors d’une randonnée en montagne. L’espèce humaine, hélas, a très bien su utiliser ces différences apparentes pour asservir et enrichir quelques-uns au détriment de beaucoup d’autres. Donc, par moments, je me suis arrêtée de lire, en me disant, ah, oui, cela se passe en Afrique, ils sont noirs, oui, en effet, puis en reprenant ma lecture, je l’oubliais, ce qui m’intéressait était ce qu’ils disaient, ce qu’ils faisaient, comment ils réagissaient dans certaines situations et en aucun cas, finalement, comment ils étaient. De même pour les passages en Suisse (j’ai plusieurs fois séjourné en Suisse, j’ai d’autant apprécié la p 73). Dans ces pages helvètes, parmi les personnes évoquées, qui était blanc, qui était noir ? Drôle de jeu d’échecs où pions et figures se mélangent. J’essaie par là de dire à quel point le miracle de l’écrit peut abolir les distances, les préjugés, les dissemblances. (…)
Difficile de chercher des noises au vocabulaire et à la grammaire dans ce texte car on comprend très vite que le français est rudoyé à dessein. (…) ce français que l’auteur n’éprouve aucun scrupule à bousculer, tout en le respectant à sa manière.
Je me suis un peu éparpillée dans mes remarques (tout en tentant d’être au plus près de ce que j’ai ressenti) mais c’est peut-être ce texte qui l’a voulu, dans son éclatement, lancé comme une bombe à blanc qui, sans tuer, peut faire assez de mal à l’âme pour réveiller les consciences. Sans doute y aurait-il encore beaucoup à dire sur ces lignes foisonnantes qui méritent d’être relues avec du recul.
Sylvie Aubriot
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Avis de lectrice pour Eliette :
Dès le début (…), des réminiscences de lectures anciennes me sont venues à l’esprit, sous la forme de noms et de titres, sans doute à cause des longues phrases à incises, parenthèses et digressions, je cite sans ordre, Robert Pinget, le Libera, Claude Simon l’Acacia, José Saramago aussi, le Radeau de Pierre, et pour certains passages concernant la campagne, George Sand que j’ai beaucoup lue. Ou encore Julien Gracq. Cependant, au fil des premiers chapitres, je me suis détachée de ces souvenirs et le narrateur a pris sa personnalité, car même si on ignore son âge, son nom, son prénom, ses précédentes activités à l’étranger (qui lui permettent de vivre sans travailler) et son aspect physique, il dit beaucoup de choses sur lui-même par l’exposé de ses idées, de ses goûts, de sa façon de vivre, de ses convictions sur de nombreux sujets, de son refus de la modernité destructrice et polluante, de son approche de la mort, tout cela mêlé à ses souvenirs d’enfance.
(…) Bien que ralenti par les retours en arrière (qui parfois déroutent, par exemple au début les deux enterrements mêlés p 16 et 17) retours qui permettent de comprendre ce qui a poussé cet homme à revenir, à racheter et à s’installer seul dans cette maison, cette campagne humide et quasi désertée, le roman se transforme insidieusement pour aboutir sur le tard à un surprenant roman policier où on doit bien admettre qu’une série d’indices ont été semés au fil des pages. Et la solitude du narrateur se révèle très relative. Il y a tout de même beaucoup de monde qui défile dans sa vie, d’autant qu’il invite certains et que d’autres viennent sans être invités. Entre les personnages du passé et ceux du présent, se dessine un aréopage de suspects qui savent tous ce qui se passe mais qui se taisent ou parlent à mots couverts.
Beaucoup de violence apparaît donc dans cette campagne bretonne (il faut quand même attendre la p 62 pour avoir la confirmation que cela se passe bien en Bretagne, même s’il y a des indices, crachin, pommiers, côte à 30 km, etc.), campagne que l’on pourrait qualifier de tranquille (…), campagne où, diraient les gens de la ville, il ne se passe jamais rien, un trou, un trou perdu. Lequel trou peut néanmoins héberger une fille perdue, battue, exploitée puis sauvée par un étranger et son chien par un peu de hasard et la seule force des sentiments. Lequel trou peut receler les mêmes turpitudes que n’importe quel quartier mal famé d’une banlieue ou que dans un milieu dévoyé où règne l’appât du gain.
Bien sûr, tout cela tient par l’écriture, ces longues phrases digressives qui obligent à l’emploi des parenthèses et des incises, mais aussi de participes présents pour relancer, et des répétitions de mots et groupes de mots tels que : comme si, quand bien même, donc, à tout le moins, en conséquence de quoi, du reste, au reste, disais-je, si tant est… C’est un choix qui donne une réelle unité au texte (…)
J’ai noté l’originalité dans le choix des dialogues sans tirets cadratins, sans jamais préciser le nom des interlocuteurs, sans même les points d’interrogations quand cela ressemble à une question. Mais au bout du compte, ils sont faciles à suivre dans cet allègement.
J’ai noté aussi dans ces pages une sorte d’humour distant, exemples : Emile, ses discours et son accent, les frères le Bris qui possèdent presque toute la terre cultivable ou encore l’échange tendu avec le maire (…)
Concernant la fin : je suis souvent réticente face aux fins ouvertes (romans, film) et parfois même réprobatrice. J’ai l’impression que l’auteur se défile, opte pour la solution de facilité ou n’arrive plus à se dépêtrer de son intrigue. Ici, ce n’est pas le cas, et d’ailleurs, cette fin est plutôt semi ouverte.
En conclusion, cette lecture surprend, fait réfléchir. Je ne saurai jamais, dans le cas où j’aurais trouvé ce roman au milieu d’une centaine d’autres dans une librairie, si je l’aurais acheté en ignorant tout de l’auteur. Peut-être que oui, en lisant l’incipit, parfait, qui m’avait accrochée sur internet avant que je ne commande le livre. Je n’ai pas été déçue par le récit complet.
Sylvie Aubriot
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Pour mieux connaître Nathalie Straseele, vous trouverez ci-dessous quelques liens.
Nathalie était l’ Auteur du mois en novembre 2020 sur le site litzic.fr, retrouvez tous les articles ou entretiens qui lui ont été consacrés en cliquant ici et en suivant les liens de bas de page
Sur RadioActiv’ l’émission Bande Originale de Livres du 09/11/2020 était consacrée à Je t’avais dit : ne viens pas avant midi, au paradis, vous pouvez l’écouter ici
Sur RadioActiv’ l’émission Bande Originale de Livres du 11/11/2020 proposait un entretien avec Nathalie Straseele à écouter ici
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Voici quelques liens pour explorer l’univers de David Fonseca, autour de ses livres Cellules et Faillir :
David était l’ Auteur du mois en octobre 2020 sur le site litzic.fr, retrouvez tous les articles ou entretiens qui lui ont été consacrés en cliquant ici et en suivant les liens de bas de page.
Sur RadioActiv’ l’émission Bande Originale de Livres du 05/10/2020 était consacrée à ses livres, vous pouvez l’écouter ici
Sur RadioActiv’ l’émission Bande Originale de Livres du 07/10/2020 proposait un entretien avec David Fonseca à écouter ici
Le site lelitteraire.com, propose un entretien avec David Fonseca à retrouver ici et un article à propos de Faillir à lire ici
Article à propos des deux romans de David sur le blog de l’art helvétique contemporain à lire ici
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Les éditions Az’art atelier vous offrent avec Au bout, la Région Vide une bien belle pépite. Face au danger du virus Ebola qui commence son œuvre destructrice, Alfa, pisteur et conteur traditionnel, décide de quitter sa région et part à la recherche de l’Oasis heureuse. Le style magnifique de l’auteur nous fait découvrir une Afrique sauvage et poétique, mais aussi féroce, terriblement cruelle, en proie au chaos avec la montée de l’Islamisme. Un livre réellement magnifique.
Philippe L. Librairie Effets de pages
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Avis de lecteur pour Un débarras :
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La critique de Les Ex ne meurent jamais, sur le blog Passion littéraire :
De retour en Afrique pour un colloque, Josh Minala décide de se trouver une femme.
Pas facile pour un jeune écrivain parti de son pays natal de rencontrer une femme qui puisse lui convenir.
Entre Menya Katalina, Séraphine, Riter, Greta, Minala se souvient, se perd dans ses souvenirs, côtoyant ce présent sans réel avenir sentimental.
Josh Minala est un jeune écrivain, en quête d’identité, se sentant rejeté, ignoré dans son « pays d’exil » la Suisse.
Se considérant comme un afrocain, mi-africain mi-blanc, il ne trouve pas plus sa place dans son pays d’origine.
Son opinion de l’Afrique est sombre voire dure mais pourtant si réaliste. Ses propos laissent à réfléchir quant à l’histoire et le sort de l’Afrique et des africains, berceau de l’humanité.
Cette histoire pleine, d’humour et de réalisme m’a plu. L’écriture est fine et recherchée bien maîtrisée.
Agréable moment de lecture.
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Izaurinda a été publié en début d’année 2017. L’auteure Anna Maria Celli propose un regard plutôt noir sur le monde actuel mais elle nous donne envie de croire en l’Homme même après qu’il ait fait le pire. Son héros, Sem, a quitté son désert et sa femme enceinte Izaurinda. Comme tous les hommes de sa famille, il est parti afin de vivre autre chose, ailleurs. Maintenant à Paris, il survit selon le bon-vouloir de Goulash, à qui il doit tout et à qui il obéit. Sem fera des rencontres, des individus perdus et enragés contre le monde entier. On découvre leur histoire, leurs pensées et leurs états d’âme. Nous sommes pris à parti et, malgré nous, notre colère envers eux se transforme en sentiment d’écoute et parfois même de compréhension. Première auteur féminin chez l’Opailleur, Anna Maria Celli propose un texte rude qui devrait vous hanter longtemps.
Aurélia Gouhier Librairie Effets de pages
Il en est des livres comme des coquillages sur la plage… on les ramasse par hasard et on les emporte avec soi, souvenirs discrets d’un espace plus grand, de sa luminosité, de sa volupté. Izaurinda est un livre magnifique, une écriture dont la musicalité évoque Céline, Yacine Kateb, Rachid Boudjedra ou Patrick Chamoiseau. Un récit admirable et puissant…
Pierre Rasamoela
Anna María Caroline Celli n’installe pas le lecteur en terrain conquis… Et pourtant coup de maître !
Dans un style vert et nerveux comme un chat de gouttière, d’une subtile maîtrise, la romancière se joue de tous les pièges imaginables: roman social, reportage édifiant, naturalisme, gothisme gore, stéréotypes racoleurs…
Violence, destruction, opportunisme, lâcheté, amour, rapine… le camaïeu nacré de l’écriture est d’une rare virtuosité, qui dans les vies minuscules des transhumances immémoriales restitue aux âmes perdues la fleur sauvage d’humanité que le regard commun leur dénie.
Bravo Anna María Caroline Celli !
Eric Darcourt-Lézat.
« …bravo pour votre roman izaurinda , sombre et percutant ; c’est votre vision articulée avec une précision chirurgicale, sans banalités inutiles ni happy end moralisateur ; un livre témoin de son temps disloqué… »
Vladimir Mitz
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Eliette est le premier roman que j’ai découvert dans la collection de L’Orpailleur. Ce petit texte extrêmement dense, je l’ai adoré. J’ai découvert par la suite que l’auteur en était aussi son éditeur et j’ai été d’autant plus ravie de pouvoir échanger avec Christophe Havot et en savoir un peu plus sur son univers et sa ligne éditoriale. Eliette est un roman rural qui se déroule dans un village isolé de Bretagne où l’accueil n’est pas vraiment une valeur importante pour ses habitants accaparés par un dur quotidien très souvent au sein d’un domaine agricole familial. Tous savent qu’il se passe des choses parfois violentes, souvent tues et donc acceptées. Des phrases longues mais parfaitement maitrisées permettent de rendre cette ambiance lourde, palpable. L’auteur témoigne avec beaucoup de douceur et d’émotion de l’atmosphère dans ces foyers peu habitués à l’arrivée d’un étranger posant un autre regard sur leur village. C’est un premier roman fort que nous vous recommandons vivement.
Aurélia Gouhier Librairie Effets de pages
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A propos de Archipels YIN :
« C’est un exemple-modèle de livre long et touffu dans les broussailles duquel on s’égare avec plaisir, et sans s’y perdre. »
« Quelle force de l’écriture, quelle ampleur de l’histoire. Quel dénouement. On ne s’ennuie pas un seul instant.
Une lectrice