CONFÉRENCES-DÉBATS : ARGUMENTS

Je propose à partir de septembre 2014, un cycle de conférences/débats sur trois thèmes. Si vous (associations, institutions, etc..) êtes intéressés, n’hésitez pas à me contacter :

 

DES ANIMAUX ET DES HOMMES : IMAGINER UNE CITÉ COMMUNE

OU : COMMENT VIVRE (MIEUX) AVEC LES ANIMAUX ?

Dans la plupart des pays occidentaux, tuer les animaux ne va plus de soi. Les mouvements politiques qui défendent la cause des animaux rencontrent une sympathie croissante à la mesure du dégoût que suscitent dans la population l’abattage des animaux d’élevage, les actes de chasse envers les animaux sauvages et l’exploitation des animaux-cobayes de laboratoire. Cette sensibilité à l’égard de la souffrance des animaux va de pair avec les attentions sophistiquées que nombre d’humains réservent à leurs animaux de compagnie, la France par exemple en comptant plus de 60 millions. Un sondage réalisé avant les élections présidentielles de 2012 indiquait que 82% des français considérait la protection des animaux comme une cause importante.

Cette bienveillance croissante à l’égard des animaux s’affirme néanmoins de manière paradoxale. Le plus connu de ces paradoxes est l’augmentation régulière de la consommation de produits animaux — nous sommes choqués par le fait de tuer des animaux, mais nos comportements alimentaires impliquent l’abattage massif de ceux-là même que nous affirmons par ailleurs respecter. Un autre paradoxe concerne les militants végétariens, qui lutte contre l’exploitation et le meurtre des animaux, aboutit en réalité à la disparition de nombreux animaux, à commencer par les animaux d’élevage et même, dans certaines versions radicales, à celle des animaux de compagnie : n’est-ce pas une manière étrange d’aimer les animaux que de souhaiter vivre sans eux ?

Je voudrais essayer de dépasser ces paradoxes en proposant une lecture différente des relations entre les hommes et les animaux, à partir de l’examen de cas particuliers. Je m’inspire d’un ouvrage sorti récemment aux États-Unis, qui pose les bases d’une Zoopolitique, c’est-à-dire d’une « politique des animaux », au sein de laquelle les animaux, selon leur proximité avec les humains, se voient accorder des droits, voire une participation à la vie civile.

 

 

 

L’AVENIR DES MONDES RURAUX :

UNE DISCUSSION AUTOUR DES THÈSES DU GÉOGRAPHE JACQUES LÉVY

Le dernier document de synthèse de l’INSEE est sans appel : désormais, nous ne comptons plus pour rien — ou presque. Presque rien. Jacques Lévy, géographe et cartographe, dans son dernier livre, Réinventer la France, nous range, nous, les habitants de cette partie du Cantal, dans les zones qu’il appelle «interstitielles», zones qui se glissent entre les aires urbaines, au-delà même des zones péri-urbaines. Ces aires d’influence urbaine sont immenses, sur les cartes que le géographe dessine. Jacques Lévy dénonce le caractère obsolète des politiques de la ruralité: elles sont en effet porteuses d’injustice spatiale (car les villes, et notamment les classes moyennes des villes payent en définitive pour les campagnes), et ce fait le conduit à militer assez explicitement pour un renforcement de l’organisation spatiale et économique assumée des territoires autour de quelques grands centres urbains. Ce recentrage sur les villes aurait des avantages à tous les niveaux, non seulement au niveau économique (car on concentre les infrastructures productives, les transports, les commerces, les services, etc) mais également, et par voie de conséquence, au niveau environnemental.

« Si tous les habitants de la France métropolitaine vivaient dans une seule ville ayant la densité de Paris intra muros ils n’auraient besoin que de 3000 km 2 soit à peine plus de la moitié de la surface d’un département moyen. Les 94 % restants seraient vides d’hommes et pourraient être consacrés à une agriculture respectueuse de l’environnement ou à des parcs naturels »

En effet, le maintien d’une population éparse et restreinte sur de vastes territoires oblige à l’entretien d’infrastructures lourdes, notamment en matière de transports, et le maintien de services publics et d’une activité économique minimale suppose des aides à l’installation et au maintien de l’activité, et donc une dépense par usager importante. Dans les villes, l’investissement profite à beaucoup, et dans les campagnes, un investissement comparable profite à peu de gens. Dès lors, une certaine logique, poussée à bout, et proposée par Lévy à titre de fiction (une proposition provocatrice), conclurait au bien fondé d’une conversion totale des campagnes en territoire agricole (le grenier de la France étendu à toutes les zones peu habitées) et en réserves de biodiversité (en parcs naturels).

C’est cette logique apparemment imparable que nous voudrions discuter.

 

 

 

LE DROIT AUX PAYSAGES :

UNE QUESTION DE JUSTICE ENVIRONNEMENTALE

Malgré les préoccupations répétées des pouvoirs publics et des élus envers la qualité de l’environnement, nombreux sont les projets qui circulent discrètement ou se déploient de manière plus spectaculaire, qui vont tout à fait à l’encontre de ce qu’on affirme par ailleurs : l’année 2014 aura d’ores et déjà été marquée par deux grands conflits socio-environnementaux (l’aéroport de ND des landes et le Barrage de Sivens), et on s’attend un jour ou l’autre à ce que de sévères oppositions accompagnent les premières tentatives de forage en vue d’extraire le fameux gaz de schiste. À chaque fois, ces situations dégénèrent en conflits sérieux, annihilant tout débat public.

Il est grand temps qu’en France et en Europe s’impose une nouvelle grille de lecture plus efficace et moins morcelée des situations de lutte sociales et environnementales qui ne manqueront pas de se multiplier dans le futur. Cette nouvelle perspective pourrait prendre la forme d’un « droit aux paysages dans lequel nous voulons vivre ». J’emploie ce mot «paysage» dans un sens tout à fait vulgaire, qui coïncide pourtant sur bien des points avec l’un ou l’autre des usages « savants ». Si la démocratie n’est pas qu’un artifice rhétorique, alors il faut instaurer au niveau local, pour chaque projet qui implique une modification importante du paysage, des modalités de consultation sérieuse des populations qui habitent ces territoires : les dispositifs existant sont bien trop limités, et ne sont réservés dans le meilleur des cas qu’aux experts. Ces modalités pratiques devraient être guidées par une philosophie plus générale, inspirées pourquoi pas du mouvement de l’ « environnemental justice » à l’américaine : une vision plus large, qui permettrait de penser ensemble, sous des catégories générales, devant être prises en compte par le droit, des situations localisées. Anthony Ingraeffa, un ancien ingénieur ayant travaillé pour l’industrie du gaz avant d’en devenir un des principaux ennemis disait dans une interview récente :

« Les gens ont besoin de respirer de l’air. Les gens ont besoin de boire de l’eau. Les gens ont besoin de vivre dans un climat acceptable, lequel devrait être stable. Ceci nécessite deux choses. Voir la communauté où vous vouliez vivre et où vous avez vécu toute votre vie prendre votre relève, et l’environnement, l’eau, l’air, le climat, la flore, la faune, tout ça est menacé. Ces deux menaces se trouvent sur le spectre de santé par rapport à la richesse. C’est la santé du plus grand nombre face à la richesse de quelques-uns. »

En partant de ce besoin vital partagé par tous, nous pourrions essayer d’imaginer d’autres manières de conduire les débats sur les grandes questions sociales et environnementales.