Re-description : une bactérie politique
Comme la plupart des bactéries connues et utilisées par l’homme, Pseudomonas Syringae est un animal politique à plus d’un titre : responsable d’une maladie qui affecte certains arbres fruitiers, elle concerne l’agroforesterie ; elle peut apparaître en milieu hospitalier sous la forme d’une redoutable maladie nosocomiale ; utilisable sous la forme d’un bio-fongicide, elle permet une conservation plus longue des fruits après récolte (et donc leur transport d’un bout à l’autre du monde) ; ses dispositions à survivre dans les milieux extrêmes et sa capacité à accélérer la formation de neige à partir de cristaux liquides lui vaut d’être utilisée dans la fabrication d’un additif à la neige de culture ; cet usage fait naître une crainte pour les usagers des stations de ski alpin, et pour les environnements sur lesquels on déploie cette neige artificielle. Pour avoir alerté la communauté scientifique et politique sur les dangers relatifs à l’usage de ce genre d’additif dans la neige de culture, la chercheuse Carmen de Jong, de l’université de Savoie, a été évincée de son programme de recherche en 2010. Au final, pas moins de 5 sphères juridiques ou militantes sont concernées par cette bactérie : l’agriculture, le tourisme et le développement économique, la recherche scientifique (biotechnologie), la santé (médecine), l’écologie. Transformée en produits divers, cette bactérie est typiquement un animal-cyborg – mais, comme tous les animaux-cyborgs, les effets de l’hybridation demeurent difficilement contrôlables. Un produit élaboré à partir d’une souche non-pathogène pour l’homme peut très bien muter une fois lâchée dans l’environnement (un corps humain ou le versant d’une montagne) et modifier l’environnement d’une manière peu souhaitable.
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