Le droit d’habiter quelque part pour les animaux

Le concept de parc naturel

Pour la plupart des gens, le parc naturel représente le dispositif visant à la protection des animaux sauvages qui vient le plus spontanément à l’esprit. Certains militants de la cause animale, partant du principe selon lequel l’homme et ses activités exercent fatalement une nuisance pour tous les animaux (l’homme est une espèce nuisible du point de vue des animaux), règlent le problème de la préservation de la faune sauvage en réclamant pour les animaux des territoires délimités dans lesquels non seulement ils seraient « souverains » (pour reprendre la typologie de Zoopolis) mais aussi dont toute activité et présence humaine seraient exclues. Ces sanctuaires renvoient à une conception idéalisée du sauvage considéré comme l’inverse absolu du domestique : ce dernier serait le résultat d’une corruption par l’homme de la nature animale, le sauvage dès lors étant l’animal par nature, n’ayant pas subi l’influence humaine, pur et intact. Ce radicalisme dans la manière d’aborder le problème de la cohabitation humains/non-humains se heurte vite à des paradoxes et des apories bien connus :

1. La plupart des animaux dits « sauvages » (qui ne se prêtent pas de bonne grâce ou pas du tout à la domestication) ne se sentent pas contraints par les limites géographiques qu’on leur impose et les territoires qu’on leur réserve. Indifférents au bien qu’on leur souhaite, ils franchiront, si des facteurs divers et variés (changements des conditions climatiques, incendies, inondations, pression des activités humaines, opportunité d’un meilleur territoire, etc.) affectent leur supposé paradis, les frontières qu’on leur a assignées : chez nous, les sangliers et les chevreuils quittent l’abri de la forêt pour se nourrir dans les champs cultivés par les humains, les éléphants en Inde ou en Afrique font de même, et ruinent parfois en quelques heures le travail agricole d’une année de tout un village (on parle à ce sujet de CHE, conflit humain/éléphant) – voir le travail patient et difficile de l’ONG IFAW), des animaux de toute taille, du tigre au campagnols terrestre, des rapaces aux moustiques, transgressent les mesures de confinement (fussent-elles établies pour leur bien) et frayent aux alentours des cités humaines, voire habitent au sein même des communautés humaines. L’exemple du loup est bien documenté : le loup n’a que faire de nos délimitations territoriales, et ne se sent contraint que par ses propres règles politiques – le territoire du loup, qui relève d’une géographie, et même d’une topographie, extrêmement sophistiquée, ne se calque absolument pas sur les géographies humaines. Le loup et l’homme ne disposent pas des mêmes cartes et ignorent en grande partie les cartographies de la partie adverse (je n’ai pas encore lu le livre de Baptiste Morizot, les Diplomates, à ce sujet, mais ça ne saurait tarder !). Bref, pour bien des animaux, le confinement, la mise sous cloche d’un territoire écologiquement « homogène », n’est pas la panacée, ou du moins n’empêchera pas la cohabitation entre l’homme et l’animal qu’on veut protéger. On ne peut donc pas se débarrasser du problème de cette cohabitation en brandissant la solution de la réserve naturelle protégée.

(J’ai fait de nombreuses randonnées dans les Alpes et les Pyrénéennes, franchissant souvent la frontière avec la Suisse, l’Italie ou l’Espagne sans m’en rendre compte. Il n’y a bien que le nuage radioactif émanant de l’accident de Tchernobyl pour respecter les limites territoriales)

2. Du point de vue humain, la mise sous cloche d’un territoire peut également avoir des conséquences morales et politiques intolérables. Les environnements où l’homme est absent sont extrêmement rares sur la planète, et quand on les identifie, on doit bien admettre que ce sont des terres d’où des groupes humains ont été exclus : bien souvent, le territoire « vierge » porte les stigmates de la destruction d’une culture traditionnelle, d’un mode de vie adapté au milieu naturel, voire d’un génocide. La conception d’un parc naturel comme mise sous cloche d’un territoire, n’est heureusement plus de mise quand le territoire en question abrite des populations humaines autochtones : sauvegarde de la faune et sauvegarde d’une culture traditionnelle vont souvent de pair (voir par exemple cet article du juriste Régis Lafargue). La réaction souvent épidermique de certains défenseurs des animaux quand ils prennent conscience que de nombreuses sociétés traditionnelles chassent les animaux (que par ailleurs elles intègrent parfois dans leur système de pensée, dans leur cosmologie et, dans de nombreuses cultures animistes ou totémistes par exemple, dans un système social et politique sophistiqué), est tout à fait caractéristique de la vision fondamentalement dualiste de la culture moderne scientifique et naturaliste (pour laquelle il existe une discontinuité déterminante entre les humains et les non-humains).

La délimitation spatiale des territoires occupés respectivement par les humains et les non-humains doit donc être pensée avec finesse et requiert énormément de savoir : il faut connaître autant qu’il est possible non seulement les pratiques et les règles qui régissent l’existence de telle ou telle espèce, voire à tel ou tel groupe animal donné (car les groupes animaux ne suivent pas forcément les règles de l’espèce, ils s’adaptent – c’est notamment le cas des animaux opportunistes ou généralistes dont il est souvent difficile de prédire le comportement dans une situation donnée), mais aussi les pratiques et les règles (écrites ou non-écrites, les usages et les coutumes) des communautés humaines fréquentant ces espaces de cohabitation possible.

Le parc naturel doit être considéré dès lors comme un espace en constante évolution et dont le concept est toujours potentiellement en péril. La mobilité des espèces animales (mobilité qui soit dit en passant est la caractéristique déterminante des animaux, automoteur comme dirait les anciens, mais aussi de bien des plantes, lesquelles migrent sans être « automotrices » !) implique des brassements de population continuels. La transhumance des animaux d’élevage ou la « montée aux estives », fait évidemment partie de cet ensemble de mouvements de populations animales – mais elle est en même temps un cas typique de mobilité humaine à l’intérieur des parcs : les 400 000 hectares du parce naturel régional des volcans d’Auvergne accueillent à la belle saison près d’une centaine de milliers de vaches. Le développement des activités touristiques dans ce même parc, en hiver comme en été, ne sont pas sans impact sur l’environnement – c’est le moins qu’on puisse dire sur les zones les plus fréquentées, stations de sports d’hiver ou sites touristiques classés. Dans certains endroits du parc, on autorise sans sourciller l’organisation de virées en quad ou en 4×4. Et tous les animaux du parc, ou presque, notamment les animaux emblématiques sont chassés (le mouflon et le chamois par exemple – la marmotte n’est pas chassée actuellement, mais elle l’a été par le passé) : il n’est pas rare à l’automne de croiser des chasseurs en 4×4 gravissant les pentes aussi haut qu’ils le peuvent en pleine montagne pour s’épargner la peine de grimper à pied jusqu’à leurs proies. Bref, un parc naturel n’a rien d’un sanctuaire, en France tout du moins, et il n’est pas étonnant qu’avec la pression exercées par les activités humaines, on retrouve la plupart des espèces animales de montagne à des altitudes parfois assez basses : on voit régulièrement aujourd’hui des marmottes et des mouflons s’établir dans des prés ou des espaces boisés aux alentours des fermes dans les vallées –  du coup, ces animaux sauvages deviennent des animaux liminaux, cohabitant plus directement avec l’homme.

Zones protégées, Couloirs et Corridors

Les zones Natura 2000, et les petits espaces protégés abondent sur le territoire européen, et constituent une alternative au grand parc naturel. Il s’agit d’identifier et de délimiter des zones d’intérêt écologique remarquable, pour la faune ou la flore qui s’y est établi. Les rivières et leurs berges, les frontières des prairies agricoles (de culture ou d’élevage), les étangs et les zones humides, les petits espaces boisés, sont les paysages les plus représentés (du moins sur la terre ferme, car il existe aussi des directives concernant les espaces marins). On n’oubliera pas les nombreux corridors et couloirs qui traversent le paysage, dessinant un véritable réseau écologique – une carte alternative en quelque sorte, dont les trajets passent sous les routes et les autoroutes, longent les prés, suivent le cours des rivières etc. Ce sont des lieux où non seulement l’activité humaine n’est pas absente, mais où il n’est pas question de l’exclure, tout au plus de la limiter, de la contraindre contre une compensation (comme dans le cas des espaces agricoles), et souvent de l’encourager en l’orientant dans le sens de pratiques plus favorables au maintien et au développement des espèces et des habitats qu’on souhaite protéger et valoriser. Il existe de véritables réussites dont on parle à mon goût trop peu, qui sont toujours des réussites sur le plan « diplomatique » – la concertation avec tous les acteurs concernés par la zones ayant abouti à un ensemble de pratiques qui font consensus. Ces acteurs ne sont pas seulement des agriculteurs et des animaux ou des plantes, mais aussi parfois des pêcheurs, des chasseurs, des randonneurs, des défenseurs des animaux, etc. L’opérateur technique qui a en charge l’animation des débats entre ces acteurs est réellement en position de diplomate, et l’on pense très fort aux Politiques de la nature de Bruno Latour : il peut représenter, aux côtés des associations, les espèces naturelles, lesquelles comme on le sait ont d’autre chose à faire que d’assister à des réunions.

Comme toujours dès qu’on touche à la terre et à la propriété terrienne, ou bien que la puissance publique donne le sentiment d’imposer sa volonté et de donner la leçon, ou bien qu’on s’intéresse au bien être de petites bestioles ou de fleurs des champs, certains acteurs ne manquent pas de fustiger ces écolos supposés coupés des réalités de terrain, et de se plaindre des nouvelles contraintes et des nouveaux obstacles dont on accable leur activité. Certes, l’établissement d’une zone naturelle protégée s’accompagne d’une certain nombre de règles à respecter qui peuvent être vécues comme des contraintes ou des limites, bien que le bâton soit en général accompagné d’une carotte (d’une mesure incitative, qui en général finit par convaincre tout de même les acteurs). Mais ces contraintes ne sont pas réservés aux seuls agriculteurs ou chasseurs, elles touchent en réalité le plus souvent les collectivités locales elles-mêmes, les maires des communes concernés, les acteurs du tourisme ou tous ceux qui projettent un aménagement particulier du territoire. Elles limitent aussi par exemple l’extension d’un réseau routier, ou bien l’établissement d’un site industriel ou d’extraction.

Sur le papier en tous cas. Dans la réalité, les passe-droits semblent possibles : j’avais été sidéré en étudiant l’extension des projets d’extraction de gaz de schiste (qui sont toujours dans les cartons des gouvernements successifs) de constater que la plupart de ces projets occupaient sans vergogne des espaces supposés protégés, et de très nombreuses zones classées Natura 2000. Je suis extrêmement sensible aux projets d’extraction, et notamment des hydrocarbures non conventionnels, dans la mesure où leur impact visible (la destruction radicale des paysages) et invisible (la pollution des sous-sol – et en surface) ruine immanquablement tous les efforts que des territoires ont accompli lentement et patiemment durant des décennies : il faut des années pour qu’un espace boisé, une zone humide ou une haie retrouve les qualités qui rendent ces habitats favorables à long terme (de manière durable) pour les espèces qui s’y installe, il faut de longs palabres, beaucoup de diplomatie et de débats pour convaincre les acteurs de terrain du bien fondé d’établir tel ou tel zone protégée, mais il suffit d’un coup de pelleteuse pour ruiner tous ces efforts en une demi journée.

Ces espaces protégés constituent aussi et peut-être avant tout des espaces de savoir. Les zones Natura 2000 recoupent peu ou prou les inventaires réalisés dans le cadre des ZNIEFF (lire à ce sujet l’étude passionnante de Laurent Couderchet et Xavier Amelot, « faut-il brûler les ZNIEFF ? »). En dépit des faiblesses des dispositifs ZNIEFF et Natura 2000, notamment l’aspect extrêmement hétérogène de la couverture du territoire, ses motifs souvent plus politiques que scientifiques, son caractère parfois peu contraignants quand il s’agit de s’opposer à la volonté de certains lobbys ou aux élus, ils constituent tout de même d’un outil précieux qu’il faudrait absolument consolider.

Élargissement dans une perspective zoopolitique : droit des animaux et zones d’habitat protégé

Le droit à l’habitat est un des droits positifs les plus évidents dans la perspective développée par les auteurs de Zoopolis. Dans les sociétés humaines, ce droit se décline sous plusieurs formes, la plus manifeste étant celle adossée au libre marché de l’immobilier, qui fait la part belle aux propriétaires (créant d’emblée une source majeure d’inégalités en surdéterminant le poids de la propriété foncière dans la répartition des richesses) au détriment des locataires, marché plus ou moins régulé par le biais de taxes et impositions, ou par des mesures ponctuelles – les associations militantes comme le DAL (Droit au logement) ne manquent pas d’activité pour dénoncer le caractère inégalitaire de ce dispositif. Les animaux ne sont évidemment pas concernés par ce dispositif, n’étant pas en mesure de fournir un certificat de propriété ni d’acquitter un loyer. Les animaux peuvent toujours, du point de vue du droit, être considérés comme des squatteurs : ils occupent sans titre de légalité (illégalement, ce qui ne veut pas dire illégitimement) un territoire qui appartient ou bien à un propriétaire privé, ou bien un espace public qui relève du pouvoir des collectivités locales ou de l’État.

Les habitats animaux, sujet abordé à plusieurs reprises dans Zoopolis, sont, du point de vue politique, extrêmement variés. Je vais en donner quelques aperçus avant de considérer le cas qui m’intéresse dans cet article, celui des animaux sauvages (qui ne se prêtent pas à la domestication).

L’habitat des animaux familiers, chiens, chats etc., recoupe de facto celui des humains avec lesquels ils partagent l’existence quotidienne : les imites de l’appartement, du jardin, de la propriété de ces humains constituent la base et le centre de l’espace qu’ils occupent. Cet espace varie cependant énormément en dimension, selon que l’animal est autorisé (ou s’autorise) à s’éloigner de ce centre ou pas : même en milieu urbain, les chats domestiques n’hésitent pas à explorer le quartier environnant, et, en milieu rural de manière plus systématique, la dimension de l’espace d’activités des chiens comme des chats peut augmenter de manière remarquable – je renvoie à ma description de ce que j’appelle les « chiens libres de village ». Ces derniers bénéficient d’un droit pourrait-on dire « coutumier », c’est-à-dire que leur manière d’investir le village et les alentours est tolérée par les habitants humains, sous réserve qu’ils se comportent convenablement (n’attaquent pas les troupeaux, ne se montrent pas agressifs envers les enfants, ne visitent pas les poubelles, etc.). Cette tolérance est d’autant plus intéressante qu’elle va à l’encontre de la législation sur la divagation des chiens – loi régulièrement rappelée dans les bulletins municipaux, mais qui reste (heureusement, de mon point de vue) lettre morte.

Les animaux liminaux sont les véritables squatteurs du parc immobilier et foncier humain. Un nombre considérables d’animaux, et une grande variété d’espèces vivent dans nos murs, sont installés dans nos greniers, caves, combles, nichent sur nos toits et creusent leurs terriers et galeries dans nos jardins et nos bois, sans parler des bords de route, des prairies, des champs cultivés, des parcs urbains, des rues – quand la nuit tombe sur la ville, les animaux investissent les espaces publics et privés, ce qui est loin de n’être qu’un fantasme ! Les auteurs de Zoopolis considère que cette occupation devrait être reconnu dans le droit – en recourant au statut de résident (à titre temporaire ou permanent) : c’est dans cette perspective qu’on pourrait imaginer, entre autres réalisations positives, un droit à un meilleur habitat ou un meilleur accueil – et on pense ici très fortement au cas humains de l’accueil des migrants : les espaces de confinement dans les zones de transit, les camps de réfugiés ou de demandeurs d’asile, ou bien carrément la rue, ne sont pas des manières moralement acceptables d’accueillir les migrants. Ce droit de résidence (temporaire ou à long terme) est loin d’être réalisé convenablement dans le droit humain, et l’imaginer pour les animaux liminaux relève bien évidemment de l’utopie – d’où la nécessité, quand on réfléchit sur la question du droit des animaux, de penser le droit de manière globale, dans une perspective de justice (environnementale) impliquant à la fois les hommes et les animaux – tant qu’à corriger, améliorer et élargir le droit, faisons-le en même temps pour les humains et pour les animaux.

Pour les animaux sauvages, la souveraineté, présentée comme un modèle, ou « ce vers quoi nous devrions tendre », par les auteurs de Zoopolis, semble plus facile à réaliser. Mais, pour toutes les raisons que j’ai données au début de cet article, les choses sont en réalité beaucoup plus complexes. L’idéal, qu’on voit fleurir ici et là, dans les esprits et parfois même dans les faits, d’un espace clos (et donc clôturé ?) d’où toute activité humaine, voire toute présence humaine, serait exclue au profit des animaux souverains sur ce territoire, se heurte à de très nombreuses objections, dont je rappelle les deux principales (voir le début de ce texte) : 1. Les animaux déterminent leur territoire selon leurs propres règles et se tiennent rarement à la place qu’on voudrait les voir occuper (et c’est encore plus évident si l’on pense aux animaux migrateurs, oiseaux, tortues, poissons !) 2. il n’existe pas ou quasiment pas d’espaces vierges, non anthropisé – on peut le regretter, mais c’est ainsi, et réserver radicalement un territoire aux animaux implique d’en exclure ses habitants humains (fussent-ils peu nombreux). Ce qui dès lors constitue une atteinte au droit des humains occupant ces lieux. Dans la pratique, on voit bien que l’idéal de la souveraineté ne peut que se traduire que dans un ordre de priorité : c’est le cas dans certains parcs naturels où certains animaux sont dits protégés dans la mesure où leur présence fait autorité en quelque sorte, que leur survie et la préservation de la qualité de leur habitat (voir l’amélioration de leur habitat) constitue une priorité dans la politique de gestion de l’espace en question – les activités humaines (chasse, tourisme, extraction minière, agropastoralisme) passent après, ou sont négociés en fonction de l’impératif de sauvegarde et de protection de la faune (et de la flore) sauvage. Il ne s’agit donc pas seulement de dire le droit pour les animaux, mais de dire le droit en même temps pour les hommes et et pour les animaux.

Dans la pratique, ou d’un point de vue pragmatique, le parc naturel, les zones protégées type Natura 2000, les corridors et les couloirs de circulation, sont des outils extrêmement précieux, qui peuvent permettre de réaliser effectivement ce droit à l’habitat pour les animaux sauvages (et liminaux). Le problème est, pour le moment, que ces outils ne sont pas inscrits dans une perspective politique claire et générale. Ils demeurent extrêmement ambigus, soumis aux aléas des décisions politiques, variables selon la sensibilité des élus ou des citoyens à un moment donné de l’histoire. Ce qui manque cruellement pour consolider ces initiatives environnementales, leur donner le sens, la rigueur et la rationalité dont elles sont privées, c’est une réflexion à la fois ample et détaillées telle que celle à laquelle nous convie les auteurs de Zoopolis : un véritable cadre politique, qui suppose qu’on fasse entrer les animaux en politique, non pas seulement en tant qu’objets de débats, mais en tant que sujets de plein droit (et je le répète, cette tâche n’est pas encore réalisée pour tous les humains – il n’est que de constater comment les migrants sont ballottés au gré des décisions des États, et le nombre de réfugiés qui errent dans des conditions misérables sur les territoires humains. La lutte pour le droit d’habiter quelque part et d’accéder à la citoyenneté et aux droits afférents, demeurent en 2016 une lutte d’une urgence majeure.