Des forages en vue de chercher du gaz de schiste dans un Parc Naturel Régional en France ? C’est possible !

Qu’on m’explique à quoi sert un parc naturel régional (en l’occurrence le PNR du Luberon dans le Vaucluse) si l’État y autorise l’extraction minière — alors même que l’opinion publique a exprimé massivement son désaccord, que le gouvernement lui-même avait juré de ne pas accorder de permis etc.. Soudainement, en ce début de septembre, c’est pas moins de neuf permis qui ont été accordés, dont celui dit de Cavalon, qui fait suite à celui de Gargas sur la même zone. Avec une méthode qui devrait faire honte à tout démocrate qui se respecte : on fait passer l’info discrètement, en réduisant la durée de la consultation publique à quatre semaines, et en précisant qu’ «En raison du volume du dossier, celui-ci ne peut pas être mis à disposition du public par voie électronique. Conformément à la loi n° 2012-1460 du 27 décembre 2012 et à l’ordonnance n° 2013-714 du 5 août 2013 relatives à la mise en œuvre du principe de participation du public défini à l’article 7 de la charte de l’environnement, il est consultable (sur rendez-vous au 01 40 81 95 27) jusqu’au 11 octobre 2014 inclus, et aux heures d’ouverture des bureaux, au ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie, Bureau exploration et production des hydrocarbures, Tour Esplanade (Séquoia) / DGEC 1 place Carpeaux 92800 Puteaux, ainsi qu’à la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement Provence-Alpes-Côte d’Azur, 16, rue Antoine Zattara 13332 Marseille Cedex 3. » — Tous les moyens sont bons pour empêcher les débats et prendre de vitesse les opposants.

http://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/projet-d-attribution-de-permis-a762.html
http://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/projet-d-attribution-de-permis-a762.html

On notera que « Conformément à la loi n° 2011-835 du 11 juillet 2011, l’opérateur s’est engagé à ne pas avoir recours à la fracturation hydraulique des roches. » Cette remarque est censée faire taire par avance les objections, rendre le projet conforme à la loi et permettre au gouvernement de ne pas revenir de manière trop flagrante sur ses promesses. En vérité, c’est une pure entourloupe : quoiqu’on trouve dans le sous-sol, et quelle que soit la technique employée, le mal sera fait — car à l’arrivée, quand les engins d’extraction et de forage passent, le paysage s’en trouve bouleversé, et dans le cas de la recherche d’hydrocarbure et de gaz de schiste, ces bouleversements sont majeurs — il suffit d’admirer les photographies aériennes des régions du monde où on pratique ce genre de forages pour s’en convaincre. On parle tout de même, sur une superficie de 870km2, de forage profond de 1500 m, «nécessitant l’installation de mats de 40 mètres de hauteur avec une alimentation par des moteurs diesels ou des groupes électrogènes. » — On ne dit pas combien, mais le pire est à craindre.

SOURCES : Projet d’attribution de permis exclusifs de recherches d’hydrocarbures liquides ou gazeux conventionnels – Permis de Calavon

La Provence : La recherche de gaz de schiste relancée en Luberon

Actualisation 28 septembre :
SOURCE : Bastagazales

Je confirme : Segolène nous prend vraiment pour des cruches. 
Alors aujourd’hui, elle fait son grand coming out écolo (elle se rappelle qu’elle est ministre de l’environnement etc.)  : « Tant que je serai ministre de l’Ecologie, il n’y aura pas de gaz de schiste et pas d’investigation sur le gaz de schiste ». Et, deux semaines avant, elle accorde un permis pour dix chantiers de forage (à des fins d’ « investigation »).
Bizarrement sur le site d’Europe 1, la mention « investigation » a disparu : alors de deux choses l’une, ou bien Ségolène commet un mensonge éhonté, puisqu’elle vient de faire exactement le contraire de ce qu’elle annonce (accorder des permis d’investigation), ou bien elle a juste parlé d’ « exploitation » (auquel cas, elle nous prend tout de même pour des imbéciles, car qui peut croire qu’on accorde des permis d’investigation à des sociétés pétrolières juste pour le plaisir de savoir ce qu’il en est de nos sous-sol ?)
C’est à peine croyable. 
J’essaie d’imaginer la stratégie politique. Je fais un grand discours public devant les télés et les médias dans lequel je dis clairement et sans ambiguïté NON. C’est ce discours qui sera repris, commenté — et c’est important car Sarko, mon futur concurrent à la présidentielle de 2017, vient d’affirmer OUI.
Dans le même temps, en toute discrétion, je signe des permis de forage (d’investigation donc !) qui signifient indubitablement OUI.
Je suppose qu’elle espère que les médias (parisiens) ne retiendront que le NON, et dédaigneront l’information, disséminée dans des magazines écologistes et quelques quotidiens locaux, qui manifestent au contraire que OUI.
Bref. c’est totalement délirant. J’attends tout de même qu’un journaliste en conférence de presse lui demande, ben, Miss, et le permis Cavalon alors, en plein milieu du parc du Lubéron ?