rencontres

Des gens que j’ai rencontré hier et aujourd’hui :
Dans mes montagnes, les estives après les bois du Ché, le propriétaire de la montagne (le propriétaire administratif, car le propriétaire poétique, c’est moi) — on s’était déjà croisé l’année dernière à la même époque. Il répand de l’engrais dans la prairie. Des rats, c’est fou ce qu’il y a comme rats, et des taupes aussi, j’essaie, dit-il d’aider un peu l’herbe à pousser, sinon mes vaches n’auront rien à manger cet été. C’est vrai que la prairie cette année est couverte de monticules de terre, il y en a partout — l’hiver a été trop doux, de la neige certes, mais un froid très modéré. Iris lui fait la fête. Il veut monter une association pour le ski nordique, avec Didier, l’homme du col de Prat-de-Bouc. J’en suis !, lui dis-je. Content de rencontrer cet homme, le seul dans la montagne au printemps. Les vaches devraient monter vers le 25 mai — d’ici-là je pourrais promener Iris sans crainte dans les estives, mais après ! Gare aux Salers !
À ce sujet, au sujet des Salers, j’en cause avec un pêcheur à la mouche, le lendemain, sur les rives de la Truyère à Lanau. Il vient d’attraper une truite, mais la seconde s’est enfui avec la mouche — il s’en fiche pas mal dit-il, c’est tellement beau ici — je l’ai vu à l’aller, de l’eau jusqu’aux cuisses au milieu du courant. On parle d’Iris et Capou — qui nous écoutent causer avec intérêt. Je raconte qu’Iris vient de se faire courser par une dizaines d’Aubrac. Elle a filé dare dare sous le barbelé. Raison pour laquelle je la tiens en laisse pour la fin de la promenade (punie mademoiselle l’intrépide !) — il dit, le pêcheur : moi aussi, je me suis fait courser l’année dernière. Je pêchais là, et les vaches étaient en liberté sur la rive, quand il y en a une qui s’est excitée, les autres ont suivi, j’ai réussi à passer de l’autre côté du barbelé, mais la rivière était en crue, j’étais coincé. Bizarrement, c’est le taureau qui m’a sorti d’affaire : un coup de corne sur la meneuse, et toute la tribu s’est réunie aux abordes des bois — j’ai quand même attendu une bonne demi-heure avant d’oser sortir de mon refuge, et je suis reparti tout doucement, sans faire de bruit.

C’est dingue ces vaches quand même — se passe pas un jour dans la Cantal sans qu’un paysan soit blessé par une de ses bêtes. Dans la rubrique Faits Divers de ce matin, un monsieur de 80 printemps s’est fait, dit le journal, «piétiné» — il en a dieu merci réchappé. Une fois je me suis fait courser sur les hauteurs de Prat-de-Bouc — on en menait pas large avec Capou — ce pourquoi je longe toujours les barbelés quand je dois entrer dans un pré — mais parfois, les troupeaux sont de chaque côté des barbelés — reste à prier que les deux troupeaux ne s’énervent pas de concert.