Note pré-apocalyptique estivale (& Arno Schmidt)

C’est quelque chose qu’on ne peut pas ne pas relever quand on lit Arno Schmidt et qui fait écho au futur qui nous menace : la plus grande partie de ses récits sont placés sous le signe de la pénurie et d’une destruction finale.

Destruction avérée ou à venir (si je puis dire).

Les personnages d’AS subissent des pénuries : économies de guerre, de crise ou « post-apocalyptiques » (même et surtout sur la Lune !! Du côté américain de la Lune s’entend / Faut avoir lu « On a marché sur la lande » pour comprendre)

Les récits se déroulant pendant la seconde guerre mondiale, ou peu après, dans l’Allemagne dévastée, et bien entendu après la catastrophe apocalyptique finale (on aura reconnu les trilogie Nobodaddy`s Kinder !) se déroulent sous le signe de la faim & misère, et sont hantés par la destruction.

Cette remarque dans Kaff auf Mache Crisium :

« Et pour les autres, les oublieux, c’était déjà si loin qu’on aurait cru que les évènements en question s’étaient passés sous les Mérovingiens »

(le livre est écrit au milieu des années 50 – la 2nde guerre mondiale, n’est-ce pas, s’est achevée il y a à peine 10 ans)

Ça ne vous rappelle pas quelque chose ?

Non ? Tant pis pour vous, qu’y puis-je ?

Tout ça pour dire qu’AS nourrit (s’il en était besoin : je le secrète assez bien tout seul & le rumine depuis longtemps) mon imaginaire pré-apocalyptique.

J’ai bien écrit : « pré-” (y’a bien un quidam en ma de concept fumeux qui va rme voler l’idée) :

Ce qu’oublient souvent de dire les collapsologues et autres Cassandre de télévision, c’est que l’apocalypse est “précédée” – forcément, il y a les temps d’avant, qui durent parfois longtemps (jusqu’à la nausée – verbale déjà !)

Et que, tout bien considéré, en toute logique, nous vivons déjà dans les temps pré-apocalyptiques – “nous” n’y vivons pas au même titre, ni à la même étape pourrait-on dire : pour beaucoup (dans de “lointains” pays n’est-ce pas) c’est déjà la presque fin.

pour d’autres, y’a de l’avenir (plus ou moins, beaucoup pour certains – et moins il y aura d’avenir pour les autres, plus il y aura d’avenir pour eux).

Les pénuries donc – vivement cet hiver qu’on rigole « à notre tour » (bien fait pour nos gueules soit-dit en passant)

même si les pénuries seront comme à l’habitude fort bien mal réparties, soyez-en sûrs ! (on peut compter sur les bourgeois pour se servir avant les autres – c”est ce qu’ils ont toujours fait).

Et toutes les déclinaisons de l’angoisse.

(même les oublieux les mieux armés, les refouleurs, les cliveurs, les dénieurs, va leur en falloir de l’auto-illusion pour continuer à croire à la croissance radieuse et au « faut pas dramatiser » !

Penser positif !!

(l’absolue niaiserie, la stupidité crasse, de l’homo-neoliberalis – dommage que les armes ne soient pas en vente libre tiens (je plaisant-amer). Vais t’en foutre du positif moi)

Bon, d’accord j’ai la hyène ! (et lire AS n’arrange pas)

C’est que voyez-vous, je suis pas du bon côté de la frontière (ceux qui seront sauvés / tous les autres)

La précarité, pour des gars comme moi, c’est pas demain : c’est déjà depuis un bout de temps. Ça change tout.