Forêts boréales

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Le pays s’est enveloppé d’hiver, j’ai le corps et l’âme bouleversés. La voiture écrase la neige sur la route qui grimpe sur les hauteurs et me voilà bientôt chaussés de skis arpentant les pistes de la forêt. Il est encore trop tôt pour croiser un être humain, et des animaux, on ne devine que les traces, nombreuses et en tous sens. Les chasseurs en hiver, les chasseurs de chez nous en tous cas, pas ceux dont les auteurs du Montana nous parlent, laissent les bêtes tranquilles quand la neige est venue – pas qu’ils soient pris d’un accès de pitié saisonnier, mais parce qu’il leur est interdit de monter dans la forêt en 4×4 – les chasseurs de chez nous ne vont plus à pied, exceptés les chasseurs solitaires, les chasseurs de bécasse ou bécassine, que je soupçonne d’être surtout animés par le désir de promener leur chien – qui ne s’est jamais promené avec un chien aura manqué une expérience importante de l’existence humaine. Une promenade sans mes chiens n’a pas autant de saveur. Les animaux donc. Le dameur est passé, et moi qui n’apprécie guère les pistes damées, lisses comme des damiers, j’y prend plaisir au moins cette fois, dans la mesure où je suis parfaitement seul, et ma foi, descendre avec de vieilles planches sans donner un coup de patin, se laisser aller à travers la forêt et ne penser qu’à freiner une fois au sortir des bois, un bon kilomètre de glissade douce et silencieuse, je dois admettre que j’aime ça aussi, malgré mon appétence pour la poudreuse épaisse.

 

Dans l’automobile, au retour, tandis que le vent soulève des nuages de neige juste devant le pare-brise, j’écoute en boucle cette chanson miraculeuse, fruit de la rencontre de deux groupes américains que j’adore.