Ce que les rapports du GIEC ne peuvent pas dire

La troisième partie du rapport du GIEC 2021-2022 est encore une fois un pavé passionnant de près de 3000 pages. Mais, et c’est normal dans un travail comme celui-là, on n’y aborde pas frontalement la question qui s’impose pourtant.

Il n’y a en effet aucune chance pour que les choses s’améliorent tant que le capitalisme continuera de constituer le modèle de l’économie mondialisée. Aucune chance. Zéro. La cause de nos maux ne saurait en être le remède.
Les rapporteurs du GIEC, qui sont des scientifiques, ne se sont jamais autant engagés “politiquement” – et à l’heure où ils délivrent leurs préconisations, il est inévitable qu’ils s’engagent, mais ils ne peuvent le faire qu’implicitement, et non pas frontalement.
Ils ne peuvent pas dire par exemple : la crise climatique affectera d’abord les plus pauvres, et épargnera en partie ceux qui ont dans cette affaire la plus grande responsabilité (historique, présente et future).
Ils ne peuvent pas parler directement de capitalocène (ou capitalobscène) et doivent se contenter d’évoquer “l’humanité” (quoiqu’ils y mettent désormais pas mal de nuances), un “nous” dont j’ai dit depuis longtemps qu’il n’existe pas ailleurs
que dans les discours. Un “nous”, une “humanité toute entière” qui sert surtout à noyer les responsabilités et sauver les véritables coupables. Que va-t-il se passer après la publication de ces 3 rapports depuis l’été dernier ?
Absolument rien. Ou plutôt si : les pays les plus vulnérables, et les populations les plus vulnérables dans ces pays les plus vulnérables vont crever la bouche ouverte pendant que les plus riches continueront de se gaver.
On a déjà vu durant la pandémie comment certaines populations réagissaient quand on leur demandait de modifier un tout petit peu leur mode de vie. Comment voulez-vous qu’ils acceptent de faire beaucoup plus, beaucoup beaucoup plus ?
Personne, et notamment les nantis, ne lâchera rien. Et tant pis pour les quelques milliards de gens qui verront leur situation devenir encore pire qu’elle ne l’est déjà. On s’en branle. Ils peuvent crever. Ils crèvent déjà afin que d’autres puissent se gaver.
Ça n’a jamais été le paradis ici. C’est l’enfer.
Alors oui, vous pouvez vous éveiller maintenant, c’est un scandale mon dieu, mais il est trop tard, et ça fait un bout de temps qu’il est trop tard, on ne sort pas du capitalisme mondialement en deux temps trois mouvements. Faudra attendre que ça s’effondre, et après ?
Je m’intéresse, si l’on peut s’exprimer ainsi, à la crise climatique depuis plus de 20 ans. Autrefois, il n’y pas si longtemps encore, quand je m’efforçais de sensibiliser mes amis et mes proches, on me tenait pour un paranoïaque. Ce n’est plus le cas aujourd’hui certes. Il y a des chercheurs qui alertent depuis les années 70 : je n’ose même pas imaginer quel est leur état d’esprit aujourd’hui.

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