τὁ πάντῃ ἀπερινόητον

Άλλο τι ἄρα ζητητέον, ὃ μηδαμῶς ἕξει τὸ ἐνδεὲς μηδ’ ὁπωστιοῦν · εἴη δ’ ἂν τοιοῦτον ὃν μηδὲ ὅτι ἀρχὴ ἀληθὲς εἰπεῖν, μηδ’ αὐτὸ γε τοῦτο, ὃ σεμνότατον ἔδοξε λέγεσθαι, τὸ ἁνενδεὲστατον · καὶ τοῦτο γὰρ ὑπεροχὴν σημαίνει καὶ ἐξαίρεσιν τοῦ ἐνδεοῦς. Οὐδὲ γὰρ τὸ παντωνέξῃρημὲνον αὐτὸ καλεῖν ἠξιοῦμεν, ἀλλὰ τὁ πάντῃ ἀπερινόητον καὶ πάντῃ σιγώμενον) τοῦτο ἂν εἴη δικαιότατα τὸ νῦν ζητού· μενον ἂξίωμαλτῆς ἑννοίας, οὐδὲ ταύτης τι ᾠθεγγομὲνης, ἀλλὰ τὸ μὴ ᾠθὲγγεσθαι ἀγαπώσης Καὶ ’ταύτῃ σεῦμὲνης ὲκε ίνην Τὴν ἀμήχανον ἂγνωσίαν.

(Damascius, Traité des Principes (R. I, 27, 5-15))

Et c’est là que tu te rends compte que ton logiciel de reconnaissance de caractère a du mal avec les Beta dans la graphie des Belles Lettres (et pas que). Et que la police de caractère censée rendre le grec dans facebook est assez ignoble.

Sinon tout va bien. Je néoplatonise. Faut bien s’occuper aux temps de la fin.

“L’absolument incompréhensible (τὁ πάντῃ ἀπερινόητον) et le totalement enseveli dans le silence (καὶ πάντῃ σιγώμενον)” (traduction Joseph Combès)

Marie-Claire Galpérine traduit πάντῃ σιγώμενον par “qui nous réduit au silence” (perdant le balancement radical des deux πάντῃ).

Sara Ahbel-Rappe propose : “about which one must be utterly silent” (ce au sujet de quoi il faut demeurer absolument silencieux)

Gheorghe Pascalau dans sa traduction Allemande opte pour “absolut verschwiegene” (absolument secret, ou d’une discrétion absolue).

σιγώμενον est le participe présent au Moyen-Passif de σιγάω (être silencieux) : on a l’idée de ce qui impose le silence, ou plutôt de à quoi le silence est imposé – le silence est de rigueur si l’on préfère. La traduction de Combès est très belle mais un peu trop littéraire tout de même, me semble-t-il. Combès donne au texte de Damascius une tonalité presque tragique, et j’imagine qu’en traduisant ce monument, il s’efforçait d’entrer dans l’esprit du dernier Diadoque, poussant à ses extrémités le platonisme, l’amenant là où personne avant lui n’avait osé le mener – même son disciple Simplicius avouait qu’il n’y comprenait plus grand chose. Comme si, concluant plus de mille ans de philosophie grecque, Damascius “ensevelissait” toute cette littérature dans le silence le plus définitif – après quoi nous ne pouvions plus véritablement penser comme des Antiques, séparés d’un monde à jamais disparu.

(Note, vérifier l’usage qu’en fait Proclus dans le Commentaire du Parménide, Livre 7, 508, 10-18)

Etc.